Scroll Top
Partager l'article



*




La vie réserve de drôles de surprises !
J’ai reçu il y a peu (Un grand merci à l’article 80 du code des marchés publics !) une missive m’informant du nom du géniteur du désormais célèbre Groupement de coopération sanitaire, acronyme GCS, dont nous avons plus d’une quarantaine à notre actif et pas des moindres. C’était écrit noir sur blanc ! C’était X !
Putatif ! M’écriai-je (A moins que ce ne fût plus grossier…).
C’était X et cette paternité enfin reconnue et revendiquée lui avait permis d’emporter le morceau ! Qui l’aurait cru ? Lui, X, l’un des plus ardents contempteurs du GCS ! Ah ! Le bougre, il avait bien caché son jeu !
Ca m’a foutu un coup ! J’en ai mal dormi, j’ai cauchemardé, je me suis retourné et retourné encore ! C’était X et je ne m’étais rendu compte de rien ! Avais-je été aveugle, trop confiant ? Trop naïf ?
N’y tenant plus, je me suis relevé et j’ai fouillé fébrilement mes archives (je suis très conservateur !). Vite, revenir au vingtième siècle, 1998, 1997… Ah ! Ca y est 1996 !
Il faut vous dire qu’avant de faire le juriste chez Houdart, j’ai hanté les murs ministériels pendant près de 25 ans. Et qu’en 1996, le hasard a fait que j’ai été associé étroitement à l’élaboration de l’ordonnance de 1996 (ordonnance n° 93-346 du 24 avril 1996) par Bruno, Chargé de mission auprès du Directeur des Hôpitaux. Nous étions quelques uns, Jean-François, Marie-Claire et les autres.
Mais pas de X !
Nous étions d’accord sur sa non-lucrativité, sur sa grande ouverture, sur sa spécialisation au domaine sanitaire, sur la nécessité de limiter les contraintes et les risques… Par contre, nous nous étions beaucoup interrogés sur la nécessité de créer ou non un nouvel outil, sur sa nature juridique, sur l’opportunité d’en faire ou non un concurrent ou un complément du SIH, sur la possibilité d’en faire un employeur ou un titulaire d’autorisation, etc. Les discussions avaient été serrées, denses, instructives, documentées, intelligentes voire subtiles, et en tout état de cause respectueuses et emplies d’intérêt général…
Nous avions bien travaillé. A telle enseigne que Bruno nous avait adressé à chacun, le 25 avril 1996, une charmante lettre personnelle que j’ai pieusement conservée, la reconnaissance dans l’administration étant si rare !
Par cette lettre, Bruno nous remerciait chaleureusement et je m’autorise à vous livrer quelques morceaux choisis: « L’ordonnance portant réforme de l’hospitalisation publique vient d’être publiée au journal officiel après avoir été adoptée par le Conseil des ministres mercredi dernier.
Je tiens, à cette occasion, à vous remercier personnellement de la part que vous avez prise aux travaux préparatoires à cette importante réforme. Vous noterez que les dispositions que nous avons imaginées ensemble, à savoir la création du groupement de coopération sanitaire et la rénovation du dispositif des cliniques ouvertes, figurent en bonne place dans l’ordonnance ».
Pas de trace de X !
J’ai épluché consciencieusement, document par document, page par page, ligne à ligne, chaque compte-rendu, chaque note, chaque étude, chaque message, … Pas la moindre trace de X !
Se serait-il glissé nuitamment, subrepticement, insidieusement dans la couche !
Même Clinton a été démasqué ! Alors X…
Mais pas plus de trace de X dans mes archives de 1997 à l’occasion de l’élaboration du décret (n°97-240 du 17 mars 1997). Pas de X dans les groupes de travail. Pas de X dans les personnalités rencontrées. Pas de X dans les contributions reçues.
Fallait-il se rendre à l’évidence ? X ne serait donc pas le père du GCS ?
J’ai tâté de nouveau mon front, là et là … Pas d’excroissance, pas la plus infime protubérance. Pas le moindre doute.
C’était donc une galéjade, une gasconnade, une pantalonnade, en un mot une couillonnade de plus !
Il est vrai qu’aujourd’hui, des vieillards présidentiels cacochymes s’inventent des relations bibliques avec des princesses mortes ! Tout est donc permis.
Cependant, il ne me viendrait pas une seconde à l’idée de revendiquer la paternité de quelque création collective quand bien même j’y aurai été étroitement associé. Alors pourquoi une telle affirmation sous la plume de X qui ne l’était pas ? La certitude de ne pas être démasqué ? La conviction de l’impunité ?
Une conclusion s’impose : si l’on veut maintenir un semblant de transparence et de concurrence dans les marchés publics, les tests de paternité devront être rapidement prescrits !