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Les gagnants de la loi HPST !

Il y a quelques semaines, Zébulon évoquait, dans ces mêmes colonnes, les perdants de la loi HPST et, tout spécialement, les directeurs adjoints au sein des hôpitaux publics.

Effectivement, le mythe du directeur d'hôpital disposant, dès son entrée à l'Ecole de Rennes, de son bâton de maréchal qu'est la direction d'établissement, se révèle dans sa cruelle réalité, telle que dévoilée par l'ensemble de ses textes d'application.

Pour autant, il serait vain de croire qu'il existerait ipso facto des gagnants au sein de l'hôpital, puisque le sens même de la loi ramenant le dispositif sanitaire dans le giron de l'Etat est à l'exact opposé des orientations d'autonomie qui, depuis les lois de 1970 et de 1991, ont façonné l'hôpital public moderne et efficace, symbolique du système sanitaire à la française.

L'approche jacobine qui a présidé à cette réforme, formellement révélée par l'Ornithorynque dans ce même blog dès le début 2010, produit désormais ses mêmes effets d'étatisation dans la gestion des directeurs d'établissements hospitaliers comme certains événements médiatisés (à Poissy et Saint-Étienne) ou d'autres (plus confidentiels) le traduisent clairement.

La fameuse « chefferie », charge d'un responsable porteur d'une tradition séculaire et donc vecteur d'identité de la communauté hospitalière, cède la place à une direction administrée, sur des postes précaires et aisément révocables, à l'instar des autres hautes fonctions des représentants de l'Etat. L'absence de lien hiérarchique, qui caractérisait juridiquement et de manière atypique la relation entre le directeur d'établissement public hospitalier et ses tutelles, n'est plus que de pure façade aujourd'hui avec la multiplication des emplois fonctionnels.

Bref, les raisons d'une affliction définitive sont suffisamment nombreuses pour estimer que les conditions d'un sursaut salvateur sont remplies !

Pour connaître les gagnants de la loi HPST, il faut simplement attendre l'issue… du combat, préalable sine qua non d'une victoire ou d'une défaite ; de l'existence de gagnants et de perdants !
Ce texte refondateur ne doit en effet pas être considéré comme la résultante heureuse ou malheureuse de péripéties guerrières, mais comme la reconfiguration de la lice où se dérouleront maintenant les joutes hospitalières.

Dans ce nouveau cadre de tournoi, les combattants de la cause hospitalière s'avèrent paradoxalement mieux armés aujourd'hui qu'ils ne le pensent eux-mêmes, car la réduction drastique des promotions de directeurs d'hôpital à l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (30 places par an au lieu des 70 à 140 au cours des trente dernières années) conjuguée aux nombreux départs à la retraite (45 % des directeurs actuels sont âgés de plus de 55 ans), loin d'affaiblir leur situation, va enfin faciliter leur repositionnement à des niveaux de responsabilité correspondant effectivement à l'intitulé de leurs fonctions, qu'ils soient en direction d'établissement ou adjoints…

Cette raréfaction rapide et significative d'acteurs malaisément remplaçables en raison des compétences de haute complexité qu'ils détiennent, dans une période clef de restructuration du système sanitaire, permet la concentration des pouvoirs sur un nombre limité de protagonistes, plus faciles ainsi à mettre en cohésion et en ordre de bataille pour peu que les traditionnelles querelles de chapelles s'effacent au profit des enjeux existentiels.

Un combat de cette nature ne se mène pas seul. L'allié naturel, qui a fourbi ses armes depuis quelques années de pratique de la nouvelle gouvernance hospitalière, est bien évidemment le médecin.

Les seuls perdants assurés étant ceux qui ne mènent pas le combat, foin de vassal et de suzerain, voilà l'équipe qui gagnera !

Maudyz Le Moine

PS : « Une capitulation est essentiellement une opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d'agir. » Charles Péguy