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Les maisons de santé devraient sauver la France de la désertification médicale, c’est du moins ce que l’on nous promet.

Mais voilà que des esprits malfaisants se liguent pour mettre à bas ce nouvel outil qui souffre pourtant déjà de bien des tares congénitales (éloignement des usagers les plus fragiles notamment les personnes âgées et handicapées en zone rurale ; absence de mobilité de la plupart des professionnels qui y interviennent alors que les médecins de campagne du temps de mes grands parents se déplaçaient à pied, à cheval ou en voiture, qu’il pleuve ou qu’il vente, pour porter assistance à leur pratique).

C’est ainsi que des ordres professionnels (vous savez ceux que l’on a hérité d’une certaine France maréchaliste et que l’on multiplie à l’envi) ne s’opposent pas à la constitution de telles maisons de santé regroupant des médecins et d’autres professionnels médicaux (sages-femmes, kinésithérapeutes, infirmiers, aides-soignants, etc.) mais à la condition expresse que les locaux soient strictement séparés avec entrées, salles d’attente et signalétiques spécifiques, afin qu’il n’y ait aucun risque de confusion entre médecins et paramédicaux et, pour ces derniers, entre ceux dont l’activité est clairement reconnue par la Faculté et ceux d’ont l’activité l’est moins (un ostéopathe compétent est plus suspect qu’un kinésithérapeute qui recourt à de pseudo-techniques qui n’ont jamais fait leur preuve …si ce n’est pour remplir le porte-monnaie. Cf. les nombreuses études de sociétés savantes ou de l’HAS). A la condition aussi que l’on ne puisse pas présumer (du fait de la disposition des locaux) d’un quelconque compérage entre ces professionnels et autres fariboles du même genre. Que cela alourdisse le coût des travaux et perturbe la mise en commun de moyens n’ébranle aucunement une certitude soutenue par l’Ethique avec un E plus que majuscule !

Comme si cela ne suffisait pas, les services fiscaux entrent eux aussi dans la danse, dès qu’ils flairent l’odeur de l’oseille. Alors qu’ils admettent généralement l’exonération de TVA au titre de l’article 261 B du code général des impôts dans les groupements formalisés ou non formalisés (nous avons vu dans de précédents billets que ce n’était malheureusement pas toujours le cas), voilà que certains d’entre eux se disent qu’un partage de locaux entre professionnels de santé mériterait bien d’être assujetti quand bien même la maison de santé serait constituée sous forme de groupement de coopération sanitaire, forme juridique qui, aux dernières nouvelles, devrait être celle desdites maisons de santé. Qu’une fiscalisation abusive interdise l’accès de la population à des soins de première nécessité, en rompant l’équilibre économique pourtant déjà fragile de tels projets, ne gêne en rien nos bons petits soldats du Fisc.

Enfin, ne doutons pas que très prochainement l’on renvoie en Roumanie, ou ailleurs, quelques médecins pourtant dûment diplômés de l’Université de Cluj-Napoca ou de Iasi…. Des roumains, peut-être des Rroms, vous comprenez… Vraisemblablement avec de faux diplômes ou des diplômes en partie achetés… ou volés !

Ignatius Reilly* alias L’Ornithorynque

(cf. John Kennedy Toole, La conspiration des imbéciles)