2022-2023 : Retour sur le Médico-social
Article rédigé le 31 juillet 2023
Avec l’arrivée de l’été et des vacances, notre blog prend également une pause. Nous reviendrons à la rentrée avec toute l’énergie et le dynamisme nécessaires pour affronter une période intense qui ne laissera aucun acteur indemne, qu’il soit du secteur sanitaire ou médico-social, hospitalier ou libéral.
Entre les propositions et les projets de loi récemment adoptés, ceux qui seront soumis au vote des parlementaires, sans oublier les nouvelles réglementations à mettre en œuvre, la mise en place des PRS, les nouveaux régimes d’autorisations, il y aura fort à faire !
Profitons de ces quelques semaines de pause pour prendre du recul et bien comprendre le sens de tous ces changements. C’est pourquoi nous vous proposons, durant ces semaines d’été, d’approfondir plusieurs thématiques qui vont faire l’actualité à la rentrée en vous proposant un recueil d’articles de l’année. Ainsi, nous pourrons, s’il y a lieu, en dégager une cohérence et mieux appréhender les enjeux de la rentrée.
BEST OF HOUDART DE L’ÉTÉ – PARTIE 1 : LE MÉDICO-SOCIAL
Nous commencerons notre best of de l’été par l’actualité du secteur médico-social, qui, depuis un an, n’a pas fléchi. Le dernier événement en date est le report sine die de la proposition de loi visant à garantir le droit à vieillir dans la dignité et à préparer la société au vieillissement de sa population.
Revenons quelques mois en arrière : les secousses telluriques de l’affaire ORPEA ont ébranlé tout le secteur, privé comme public. Cela nous a conduits à nous interroger en premier lieu et à décrypter le contrôle des EHPAD. Consultez notre article détaillé à ce sujet ici. Les plus anciens de nos lecteurs retrouveront la plume incomparable de l’Ornithorynque et la sagacité de ses propos.
Formons le vœu que cette affaire conduise – enfin – à l’établissement d’une politique médico-sociale digne de ce nom. En se livrant à une analyse sans concession, Maître Nicolas Porte et Maître Laurine Jeune, associés du cabinet, décortiquent les causes de cette crise, au-delà des questions de personnes.
Leur conclusion est sans appel : c’est bien le modèle de prise en charge de nos aînés à travers l’Ehpad qui doit être sérieusement amélioré et surtout, il ne doit plus être la seule réponse possible à la perte d’autonomie des personnes âgées.
Le 9 mars 2023, la CNSA et l’ANAP ont lancé la Mission nationale d’appui à l’investissement médico-social. L’occasion était bonne de se pencher sur la rénovation et la reconstruction des EHPAD, trop souvent vétustes, et sur les moyens possibles pour y parvenir. Quels seront ses outils juridiques pour atteindre ses objectifs ? Pour plus de détails, cliquez ici .
Enfin, bien que la proposition ait été reportée sans date convenue pour son nouvel examen, nous ne saurions passer sous silence l’une des nouveautés phares de la proposition de loi : la création des “Groupements Territoriaux Sociaux et Médico-Sociaux pour Personnes Âgées” (GTSMS), sur le modèle des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT). La tâche est complexe ! Nous espérons que nos législateurs auront la sagesse de consulter l’excellent article de Me Laurine Jeune pour éviter des écueils prévisibles et de mettre à profit ce report afin d’améliorer le texte proposé. Vous pouvez consulter l’article en suivant ce lien .
CONTRÔLE DES EHPAD : L’ÉTAT SE DONNE-T-IL LES MOYENS ?
Les différents rapports d’inspection produits depuis la révélation des graves dysfonctionnements du groupe Orpéa ont pointé les défaillances du contrôle des autorités de tutelle sur les EHPAD et en particulier sur la mauvaise utilisation des financements publics. L’article 32 du PLFSS pour 2023 a pour ambition de doter les pouvoirs publics de nouveaux leviers afin de mieux contrôler les EHPAD sur le plan comptable et financier, et de prévenir toute nouvelle dérive. Ce dispositif est-il suffisamment ambitieux ?
L’EHPAD D’AUJOURD’HUI : UN CONSTAT D’ÉCHEC ?
La tempête médiatique provoquée par les révélations du livre de Victor Castanet sur les « dysfonctionnements » des Ehpad d’un grand groupé privé a remis en lumière les difficultés et les limites de la prise en charge des personnes âgées dépendantes en France.
Ces révélations et la libération de la parole qui s’en est suivie sur des faits de maltraitance ou de négligence en Ehpad ne doivent pas conduire à stigmatiser l’ensemble d’un secteur d’activité, qui travaille dans des conditions souvent difficiles, ni en conclure que le modèle de l’Ehpad doit être abandonné.
Disons-le d’emblée, nous pensons que l’hébergement en établissement médicalisé n’est pas – en l’état actuel des modes de prise en charge – une option parmi d’autres lorsque l’état de dépendance de la personne âgée est tel que le maintien à domicile ou dans une structure d’accueil non médicalisée n’est plus possible.
La question n’est pas non plus celle de privilégier un mode de gestion plutôt qu’un autre. Les structures gestionnaires qu’elles soient publiques, privées lucratives ou non-lucratives, ne poursuivent pas le même but par nature, qu’il s’agisse d’Ehpad ou même d’établissements de soins. Si certains considèrent que ces structures sont concurrentes, ce clivage est systémique et endémique. La préservation de la gestion des Ehpad en tant que service public est de notre point de vue une nécessité mais ne doit pas pour autant exclure la possibilité pour le secteur privé dit « commercial » d’intervenir pleinement, dès lors que la qualité du service rendu est au rendez-vous.
Les constats qui peuvent être faits sur la situation de l’Ehpad, nous conduisent à penser que c’est bien le modèle de prise en charge de nos aînés à travers l’Ehpad, qui doit être sérieusement amélioré et surtout qu’il ne doit plus être la seule réponse possible à la perte d’autonomie des personnes âgées.
RECONSTRUCTION DES EHPAD ET MISSION D’APPUI À L’INVESTISSEMENT
Le 9 mars 2023, la CNSA et l’ANAP annonçaient le lancement de la « Mission nationale d’appui à l’investissement médico-social » qui vise à soutenir les EHPAD dans leurs projets immobiliers complexes, et ambitionne d’accompagner entre 60 et 80 projets par an de 2023 à 2025.
Dans la droite ligne du plan d’aide à l’investissement « Ségur » dans le secteur médico-social qui prévoit – rappelons-le – une enveloppe de 2,1 Mds d’euros sur la période 2021 à 2025 pour financer la modernisation immobilière et numérique des établissements et services sociaux et médico-sociaux, cette mission financée à hauteur de 1,2 M d’euros doit servir à aider les EHPAD mais aussi les ARS à se doter des outils adéquats pour faciliter la transformation du parc immobilier. Et la tâche ne s’annonce pas simple en pratique !
PROPOSITION DE GTSMS : UN GHT POUR LE MÉDICO-SOCIAL ?
L’article 1er bis F figurant dans la Proposition de loi portant mesures pour bâtir la société du bien vieillir en France et résultant des dernières délibérations de l’Assemblée Nationale lors de la troisième séance du 13 avril 2023, introduit des dispositions au sein du code de l’action sociale et des familles visant à créer un « Groupement territorial social et médico-social pour personnes âgées » (GTSMS).
A l’approche d’une reprise de l’examen de la Proposition de loi par le Parlement en session extraordinaire, à compter du 19 juillet prochain (cf. Décret du 19 juin 2023 portant convocation du Parlement en session extraordinaire , et ordre du jour de l’Assemblée) nous avons souhaité décrypter et analyser le dispositif du GTSMS qui fait réagir et interroge légitimement les acteurs.