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” I’m late, I’m late, I’m late, for a very important date! “
Lewis Carroll , Alice in Wonderland

J’ai assisté et participé, il y a peu, à un colloque organisé, ce que j’ignorai, en « speed dating ».

Les orateurs se succédaient toutes les dix/douze minutes à la tribune sous la houlette peu précautionneuse d’un animateur profondément désintéressé par les propos tenus (Je suis aujourd’hui persuadé, bien que n’ayant pas terminé mon enquête ce qui est peu rigoureux de ma part, que celui-ci s’était fait greffer, pour plus d’efficacité, un chronomètre à la place du cerveau).

Ah ! Yaacov Deyo (Speed Dating. The Smarter, Faster Way to Lasting Love) !

Amour, sexe, information, culture, tout doit aller vite, de plus en plus vite. L’histoire du Monde en deux-cents pages. L’Europe en trois jours avec entres autres la Joconde, la Tate Britain, Venise et la Galerie des Offices. Ne pas s’appesantir, ne pas approfondir, en rester à l’écume des choses. Négliger le contenu et privilégier l’apparence. L’impression plutôt que la conviction. Spectacle et consommation. Se foutre de son interlocuteur comme de sa première chemise. Ca mord, ça mord pas. Qu’importe ! Au suivant !

« Tout nu dans ma serviette qui me servait de pagne
J’avais le rouge au front et le savon à la main
Au suivant, au suivant »
(Ah ! Grand Jacques !).

0ù est le roseau pensant ? Où est l’Autre et le respect qu’on lui doit ?

Mais est-on encore en droit de se révolter contre de telles dérives ?

N’avons-nous pas lâchement accepté, par exemple, que l’information (radiophonique ou télévisuelle) traite un sujet en moins de 3 minutes ? Ne nous complaisons-nous pas dans la lecture de pseudo-journaux qui relatent des faits, réels ou supposés, parfois invérifiés, sans aucune analyse ou mise en perspective ? Ne nous satisfaisons pas du prémâché, du prédigéré, du prêt-à-penser…Ne nous sommes-nous pas résignés à ce que l’on sélectionne des étudiants, y compris en droit ou en médecine, sur la base de quizz ? N’acceptons-nous pas régulièrement le courriel irréfléchi ou à la pensée flasque là où nos prédécesseurs pesaient chaque mot d’un courrier mûrement pensé, circonstancié et argumenté ? Ne cédons-nous pas tous les jours à la tyrannie de l’urgence et de l’efficience déifiée ? A la modernité ?

Les courriels de plus en plus nombreux que suscite ce blog sont trop souvent malheureusement une parfaite illustration de cette « modernité ».

Pavloviens jusqu’à l’extrême, certains lecteurs réagissent sur un mot ou une phrase, posent leur question – La Question ! – et s’étonnent que l’on n’y réponde pas ou pas assez vite…

Eh oui ! Nous avons la prétention de faire du droit, malgré la légèreté et la liberté du propos sur ce blog. Et de le faire sérieusement.
Répondre à une question juridique, ce n’est pas – ce ne peut pas être – comme répondre favorablement à l’invite « Passe-moi le sel ».
Cela mérite un minimum d’investissement, de réflexion, de connaissance du contexte et de l’intention de celui qui pose la question. Et la réponse ne peut qu’être argumentée.

Dans ces conditions, cela nécessite d’y consacrer du temps. Et qui dit temps…

C’est pourquoi nous n’avons aucune intention de transformer ce blog en site de consultation juridique en ligne.
Sa vocation est d’être un lieu de partage, d’échanges et de réflexions sur l’organisation sanitaire, sociale et médico-sociale (au-delà de celle d’assurer, dans la limite nécessaire, une certaine veille juridique).
« Un jour je m’f’rai cul-de-jatte ou bonne soeur ou pendu
Enfin un d’ces machins où je n’s’rai jamais plus
Le suivant, le suivant »