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« L’hôpital, grand navire à l’ancre, avec sa cargaison d’émigrants en route vers l’autre monde ».
Roland Topor, Pense-bêtes
Le temps était gris, le ciel était bas, alors pour changer mes idées noires, j’ai feuilleté le dernier rapport remis par l’IGAS à la ministre de la santé (en deux volumes : volume I, volume II).
Le rapport d’enquête sur « La mort à l’hôpital » rédigé par le Dr Françoise Lalande et Olivier Veber montre qu’alors que plus de la moitié des français meurent en établissement de soins, et notamment dans les hôpitaux publics, la prise en charge de la mort ne fait pas partie des missions reconnues de l’hôpital.
Par ailleurs, ainsi que le souligne le rapport, « Dans le code de la santé publique, elle n’est abordée qu’à partir de questions juridiques particulières, au chapitre des prélèvements d’organes, ou comme un simple mode de sortie de l’hôpital, voire en tant que complication iatrogène, mais jamais en tant que futur inéluctable de l’espèce humaine ».
De surcroît, la législation des prélèvements d’organes a fait progresser « les droits reconnus au mort », mais « pourrait bien avoir aujourd’hui un effet pervers ». Le jour où les morts vont songer à faire valoir leurs droits, cela risque d’avoir un effet pervers redoutable. Vite, de nouveaux textes !
Plus sérieusement, il y a beaucoup d’humanité et de propositions intéressantes dans ce rapport qui ne devrait pas se cantonner aux services à l’intérieur des seuls établissements de santé.
Le rapport comporte 29 recommandations : renforcement du rôle joué par la certification des établissements de soins, amélioration de l’information statistique sur la mort à l’hôpital, développement des connaissances sur la mort et les décès à l’hôpital, amélioration de la prise en charge des personnes qui meurent à l’hôpital, accompagnement du deuil des proches, qualité des activités mortuaires et respect de la concurrence. Même la T2A est visée !
Les préconisations du rapport devraient donner lieu à un plan d’action que la ministre rendra public début février.