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Dans la grande foire aux acronymes, l'un tend petit à petit à occuper l'espace hospitalier : l'ANAP.
Dans mon esprit de moine soldat, ce terme était depuis toujours associé aux longues chevauchées harassantes à travers le royaume, suivies, aux étapes du soir, par ces belles soirées revigorantes que nous offrent nos belles auberges de province…
C'est autour des tables recouvertes de pâtés et terrines, de rôts luisants et de confits fumants que nous levions tous, chevaliers en mission, commerçants de passage ou bourgeois désoeuvrés, le hanap de la concorde et de l'amitié, empli de ce petit vin de Loire gouleyant qui ravit encore, dans ma remembrance des temps anciens, mes papilles !
 
L'ANAP qui, elle, ravit les réflexions caustiques de l'Ornithorynque, s'intitule fièrement « Agence Nationale d'Appui à la Performance » et exerce son art auprès des institutions sanitaires et médico-sociales.
 
Elle est le fruit récent d'une émulsion alchimique hors norme, dans l'athanor parisien, visant, grâce à la création subtile de la pierre philosophale à effet inversé, à transformer l'or de trois précédentes agences (la MEAH, relative à l'expertise et l'audit hospitalier, la MAINH, chargé de l'appui à l'investissement et le GMSIH, spécialisé en système d'information) en plomb d'une seule institution pesante, tentaculaire et dispersée .
 
Les observations critiques de l'Ornithorynque, sur son expertise juridique, sont aisément reproductibles dans le domaine des restructurations hospitalières qui semblent désormais son axe de développement prioritaire : indicateurs inachevés, référentiels tendancieux et dogmes à foison fondent hardiment les préceptes amphigouriques sacrés de ces nouveaux prosélytes de la croisade hospitalière qui souhaitent bouter le déficit hors du système de santé !
 
Bref, grâce à l'ANAP de plomb pesant son poids d'argent, les hospitaliers continueront à trinquer…
Maudyz Le Moine