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“Le cabri fait des crottes en forme de pilules, ce n’est pas pour autant qu’il est pharmacien”.
Proverbe guadeloupéen

Jusqu’à présent, les groupements de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) ne pouvaient gérer en commun une pharmacie à usage intérieur (PUI). Dans ces conditions, seul un GCS constitué avec un établissement de santé dans le cadre d’une stratégie de groupe sanitaire/médico-social pouvait le faire. L’article 54 de la loi n° 2009-1646 du 24 décembre 2009 de financement de la sécurité sociale pour 2010 y remédie enfin en autorisant lesdits GCSMS à gérer une PUI à compter du 1er janvier …2011.
Tout cela est assurément bel et bon et permettra, sans doute aucun, d’assurer une plus grande maîtrise et une plus grande sécurité de la dispensation des médicaments et dispositifs médicaux au sein des établissements adhérents (pour autant bien sûr qu’ils disposent des personnels qualifiés nécessaires…). De surcroît, sans attendre des économies équivalentes à celles obtenues par le GCS UNIHA pour les établissements sanitaires, on peut espérer des gains significatifs par rapport aux prix généralement pratiqués jusqu’à présent dans le secteur médico-social faute de mise en concurrence.
Mais que vont devenir nos chers pharmaciens d’officine qui tiraient des revenus significatifs du marché quasiment captif des EHPAD et autres structures médico-sociales de leur canton ? Faudra-t-il qu’ils se résolvent à se transformer, un peu plus qu’aujourd’hui, en “drugstores” voire en “general stores” en vendant des produits alimentaires ou en accueillant de surcroît, par exemple, des points poste, voire une recettes des impôts ? Et qu’adviendra-t-il de la clientèle des quelques officines situées en zone rurale qui ne pourront compenser la diminution de leur chiffre d’affaires par la vente de produits ou de services aussi peu pharmaceutiques ? Nos technocrates y ont assurément réfléchi : La clientèle pourra toujours se rendre dans la plus proche pharmacie (à 30 ou 40 kilomètres et en ayant recours à des transports en commun qui n’existent plus que dans la mémoire des plus anciens !), ou commander sur Internet, mot-totem, mot-magique !, (pour autant que l’état de la fracture numérique le permette !), et aller chercher son colis au point poste le plus proche (situé, comme c’est déjà le cas en plusieurs points du territoire, à 5, 10 ou 15 kilomètres !). Et s’ils ne peuvent plus se déplacer ? Qu’ils crèvent ! (Il faut penser à l’équilibre des comptes sociaux.) Ah ! Le progrès progresse, le futur a de l’avenir et le pis n’est jamais certain !