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Le pouvoir ne se partage pas, en tout cas pas facilement. La loi Hôpital Patients Santé Territoire redessine la carte du pouvoir, à l’image d’un Yalta hospitalier entre directeurs administratifs et responsables médicaux. Dans un contexte de pénurie, médecins et directeurs ont bien conscience qu’ils ont intérêt à travailler entre eux. Pour autant, les couteaux s’aiguisent quand il s’agit de déterminer la place de chacun dans le nouvel organigramme.

En effet, si le directeur peut se targuer d’être renforcé dans ses fonctions de véritable « patron » de l’hôpital, la place des directeurs adjoints apparaît plus floue dans le contexte de la contractualisation entre le directeur de l’établissement et les médecins chefs de pôle, destinés à devenir les patrons de « business units » sur le modèle de l’entreprise privée. « Directeurs » de leurs pôle, ils apparaissent presque comme de nouveaux directeurs adjoints, le contrat créant un lien quasi hiérarchique avec le chef d’établissement en même temps qu’une forme de lettre de mission.

Autant dire que la réforme crée un malaise chez les directeurs adjoints. Les équipes de direction sont menacées d’éclatement entre directeurs adjoints participant au directoire et les autres, entre directions stratégiques proches du chef d’établissement et directions prestataires travaillant au service des pôles.

Pour de nombreuses directions, la délégation de certaines responsabilités aux chefs de pôle (politique de recrutement, achats….) est vécue comme une perte d’influence. Le principal perdant de la réforme est sans conteste le directeur des soins. S’il participe de droit au Directoire, il devrait inévitablement perdre son autorité hiérarchique sur le corps soignant au bénéfice des chefs de pôle. En effet, il parait indispensable de mettre fin à la double autorité exercée sur les soignants : autorité fonctionnelle des chefs de pôle et autorité hiérarchique du directeur des soins.

Enfin, la mise en place effective de la délégation de gestion signifie que les chefs de pôle pourront, sous une forme aujourd’hui indéfinie, évaluer les directions prestataires dont le principal objectif sera de les aider à réaliser les termes du contrat signé avec le directeur. Une perspective qui fait frémir bon nombre de collègues !

Heureusement, ils peuvent se rassurer. La délégation de gestion avance bien lentement en dépit des injonctions du ministère de la santé et du décret du 11 juin 2010 qui énumère minutieusement tous les domaines de délégation figurant dans le contrat de pôle y compris les « dépenses d’entretien et de réparation des équipements à caractère médical et non médical ». Il n’est pas certain que les chefs de pôle seront alléchés par ces perspectives. Conscients d’être encore mal formés à l’exercice de leurs fonctions, ils appréhendent souvent une délégation de moyens comme étant synonyme de gestion de la pénurie dans un contexte budgétaire dégradé.

Zébulon
Pseudo d’un éminent Directeur d’hôpital