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Claude Évin oubli une tribune dans le JDD du 11 février 2019 à propos de l'organisation de l'offre de soins
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Claude Évin plaide pour une nouvelle organisation territoriale de l’offre de soins, dans le JDD du 11 février 2019.

 

“La disparition des services publics est au cœur des inquiétudes. La fermeture des hôpitaux est souvent citée par nos concitoyens, traduisant la perception d’une inégalité de chances d’être bien soigné. Ce sujet mérite analyse, pédagogie et propositions.

Premier constat : les inégalités de santé sont bien réelles dans notre pays. Elles doivent être identifiées et combattues. Leur réduction doit être la priorité de l’État et de l’Assurance maladie. Mais ces inégalités n’ont strictement rien à voir avec la présence ou non d’un établissement de santé. On constate par exemple un état de santé de la population globalement moins bon en Seine-Saint-Denis que dans les autres départements d’Île-de-France, alors que c’est un département par ailleurs bien pourvu en établissements sanitaires.

Les différences d’espérance de vie dépendent d’abord des conditions sociales.

Les territoires dans lesquels l’état de santé de la population est le plus dégradé sont ceux dans lesquels elle est le plus défavorisée et dans lesquels l’indice de développement humain (niveau de vie et niveau d’éducation, etc.) est le plus faible. Les différences d’espérance de vie ou de prévalence de certaines pathologies (diabète de type 2) dépendent d’abord des conditions sociales. Des actions ayant un impact sur la politique des transports, sur le logement ou sur l’emploi et un souci de santé publique chez tous les acteurs (élus, enseignants, entreprises) sont plus efficaces pour réduire les inégalités de santé que le maintien d’une maternité. La question de l’organisation de l’accès aux soins n’en est pas moins un sujet sérieux. Le principe doit être clair : toute la population, quel que soit le lieu où elle vit, doit avoir accès à des soins de qualité et sûrs.

En réalité, on ferme très peu d’établissements publics de santé. Il y a certes des fermetures de services (chirurgie, maternité), mais les hôpitaux concernés sont maintenus pour assurer des activités de médecine ou, par exemple, de rééducation après une opération. La fermeture de services répond, prioritairement, à des préoccupations de sécurité. Un obstétricien qui ne pratique pas, en moyenne, plus d’un accouchement par jour ne peut assurer la sécurité d’une naissance difficile. Dans le cas d’un accident vasculaire cérébral, il faut bien sûr une prise en charge rapide par une équipe spécialisée, mais les conditions d’alerte et de mobilisation des moyens de transport vers un centre de référence sont plus déterminantes que la proximité d’un “petit hôpital”.

Il faut favoriser les coopérations entre libéraux et établissements hospitaliers.

C’est donc un maillage territorial d’accès aux soins qu’il faut organiser en associant tous les acteurs de santé : professionnels libéraux, hôpitaux de proximité, Ehpad, hôpitaux de référence, en y intégrant les transports et les équipements de télémédecine. Cette organisation doit être graduée, de l’offre de soins de proximité, en général assurée par les libéraux, jusqu’aux établissements spécialisés. Tout le monde ne peut pas tout faire. En revanche, tout le monde a son rôle à jouer. Pour organiser un service territorial de santé, il faut favoriser les coopérations entre libéraux et entre ces derniers et les établissements hospitaliers. C’est cette organisation que les Agences régionales de santé doivent contribuer à mettre en œuvre dans tous les territoires.

Le projet Ma santé 2022, que le président de la République a lancé en septembre, affirme cet objectif et prévoit des outils pour sa réalisation : création de maisons de santé, de communautés professionnelles territoriales de santé. Il ne faudrait pas toutefois que des rigidités juridiques (statut des maisons de santé) ou institutionnelles (lourdeur des négociations entre Sécu et syndicats de médecins pour organiser le partage des honoraires entre les différents acteurs) retardent sa mise en œuvre.

La loi préparée par Agnès Buzyn favorisera l’élaboration de projets territoriaux de santé qui devraient réunir tous les acteurs afin qu’ils définissent l’organisation de la prise en charge la mieux adaptée aux besoins de chaque territoire.”

 

Retrouvez l’article dans sa forme originale en suivant ce lien.

Claude Evin est avocat depuis avril 2004, associé au sein du Cabinet Houdart au 1er septembre 2016.

Il a auparavant exercé diverses responsabilités politiques : élu municipal et régional, député, ministre.

Au cours de son activité parlementaire et ministérielle il a constamment travaillé sur les questions relatives à la santé et à la protection sociale : président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée Nationale et rapporteur de nombreux textes de loi sur ces sujets.

Sa connaissance du secteur hospitalier s'est forgée dans le cadre de diverses responsabilités notamment au sein de la Fédération hospitalière de France. Appelé à préfigurer l'Agence régionale de santé d'Ile de France en octobre 2009, il en a assuré la direction générale jusqu'en aout 2015, date à laquelle il a repris son activité d'avocat.