Si l’Hôpital a joué un rôle central durant la pandémie c’est au prix d’un épuisement dramatique des professionnels.
Mais ne nous trompons pas, cet épuisement qui pousse nombre de médecins, d’infirmiers d’aides-soignants, de personnels administratifs à quitter leur établissement voir de renoncer à leur exercice n’a pas pour cause unique leur incroyable investissement durant la crise.

Il est la résultante d’un modèle hospitalier arrivé au « bout du bout » et qu’on a tenté depuis de trop nombreuses années de rafistoler.
Incroyable révélateur, la Covid-19 a ainsi et paradoxalement souligné tout à la fois le rôle essentiel de l’Hôpital et son inadaptation aux exigences de notre société, l’engagement de ses équipes et leur mal-être profond.
Ce serait également une erreur que de circonscrire à l’Hôpital ce diagnostic, c’est bien l’ensemble du système de santé qui est à bout de souffle.
Nous laisserons aux éminents universitaires, économistes et sociologues le soin d’en analyser en profondeur les raisons.
L’enjeu central sera ainsi résumé : Qu’est ce qui peut aujourd’hui convaincre les professionnels de santé de faire carrière au sein de l’hôpital public ? Et non seulement les médecins, mais aussi les directeurs, les infirmiers, les ingénieurs, les agents de maîtrise, les cadres soignants, tous sont concernés jusqu’aux PUPH.

La réponse ? En réalité, chacun la connaît : la reconnaissance ! Reconnaissance professionnelle, reconnaissance financière, reconnaissance institutionnelle.
Mais la reconnaissance ne peut être nourrie d’expédients. Elle suppose non seulement des mesures immédiates, conjoncturelles, individuelles mais une réforme en profondeur du système hospitalier et partant du système de santé qui permette à chaque professionnel trouvant enfin sa place dans l’Institution d’adhérer à un projet commun.
Au risque d’en choquer plus d’un, les mesures du Ségur, certes bienvenues en ce qu’elles apportent un soutien aux investissements et améliorent les rémunérations, participent à la logique d’expédients et renvoient à plus tard la nécessaire refondation de l’hôpital public.
La première question qui s’impose est quel rôle assigné à l’hôpital public au XXIème siècle ?
De quelles missions d’intérêt général, il doit être le garant pour les populations qu’il dessert et concomitamment quelles missions sont celles des autres acteurs de santé ?
La seconde question dont la réponse devra s’évincer de la première et quelle organisation assurera la bonne réalisation des missions allouées aux uns comme aux autres ?
De façon certes un peu caricaturale, le système repose actuellement sur un emboîtement de poupées russes : L’hôpital est sous la dépendance de l’établissement support qui est sous la dépendance de l’Agence Régionale de santé qui est sous la dépendance des injonctions ministérielles. Sur le terrain, les équipes répondent en permanence à des injonctions souvent contradictoires et paradoxales.
Le constat est identique en ce qui concerne les équipes de soins primaires ; Pharmaciens, médecins généralistes, infirmiers, tous les acteurs dit du premier recours souffrent d’une organisation complexe et inadaptée qui vogue entre stricte planification et incitation à l’initiative des professionnels.
L’erreur serait de sombrer dans un certain passéisme.

La santé se décline désormais territorialement, en transversalité et en filières. Elle est soins mais aussi prévention et éducation. Elle se décloisonne, se numérise, se transforme.
C’est donc un nouveau modèle du système de santé qu’il convient de construire sur des bases rénovées.
Observateurs privilégiés de la santé et de ses acteurs que nous côtoyons et défendons depuis plus de 30 ans, les enseignements du « terrain » nous laissent à penser que tout est en germe et ne demanderait qu’à être un tant soit peu ordonné et organisé autrement pour offrir à la population un système de santé moderne et conforme aux nouvelles exigences et impératifs de la société.
Ainsi, à quelques semaines de l’échéance présidentielle, échéance institutionnelle majeure où devraient être débattues les conditions d’un avenir commun pour notre société – la santé pour tous étant un élément fondamental-, nous nous sommes prêtés au jeu et avons demandé à chacun des associés du cabinet de soumettre une proposition, proposition qui, dans son périmètre d’intervention, lui paraît essentielle et utile à la réforme du système de santé.

Ces 11 propositions se conjuguent, s’harmonisent et forment un tout qui s’agence autour de deux axes principaux :

La refondation du service public et de sa gouvernance dans une organisation territoriale renforcée.